Inégalités et impôt

Les Français ont parfois une vision étonnamment juste des choses. D’après un sondage récent,  neuf sur dix pensent que les riches sont utiles à la société (1). Ils pensent aussi qu’une personne est riche quand son revenu net est supérieur à 6 500 euros par mois. C’est loin d’être absurde, puisque cela correspond à peu près à ce que gagnent les 1 % les plus riches. De même pour le patrimoine : ils jugent qu’une personne est riche quand elle a un patrimoine supérieur à 630 000 euros. Dans les faits, cela correspond à ce que possèdent environ 5 % des Français les plus fortunés. Comme l’illustre notre dossier, que les riches et même les très riches soient utiles à la société n’est pas contesté par les économistes, de gauche comme de droite. Les sujets qui fâchent ?  Le degré d’inégalité et l’impôt. Les inégalités ont considérablement augmenté ces dernières décennies aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Une étude récente montre que la part du revenu national perçu par les 1 % les plus riches des Américains, hors gains du capital, est passée de 8 % en 1979 à 18,3 % en 2007. La fortune des 400 plus riches selon le magazine Forbes est passée de 92 milliards de dollars en 1982 à 1 530 milliards en 2011. Au positif, cette évolution est largement due à ceux qui ont créé leur entreprise : ils forment 69 % des plus riches contre seulement 40 % en 1982. La tendance est comparable en Grande-Bretagne. Ce n’est pas le cas en France, du moins en ce qui concerne les revenus. Selon l’Observatoire des inégalités, le rapport entre les 10 % les plus riches et les 10 % les plus pauvres est le même en 2010 qu’en 1996 ou en 1979 (3,5). On observe cependant un creusement de l’écart  depuis 2004, surtout pour les plus riches d’entre les riches. L’intérêt d’imposer fortement les plus hauts revenus fait l’objet d’un consensus croissant chez les économistes des deux côtés de l’Atlantique. Pour Emmanuel Saez, Français officiant à l’université de Californie (évoqué dans notre dossier p. 41), taxer davantage les plus riches « réduit l’inégalité des revenus avant impôt sans affecter la croissance (2) ».

Notes

1| IFOP pour Enjeux-Les Échos, février 2013.

2| New York Times, 7 février 2013.

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