Les ambivalences de l’Occupation

Se fondant sur les journaux intimes de Parisiens et sur d’autres témoignages, un universitaire américain dresse un tableau nuancé d’une période riche en compromissions.

Début 1941, Micheline, une petite Parisienne de 18 ans, se fait draguer par Walter, un beau soldat allemand, qui l’emmène au cinéma. Elle confie son trouble à son journal : peut-on détester les Allemands en général mais être amoureuse de l’un d’eux en particulier ? L’anecdote est typique de la démarche de l’universitaire américain David Drake, dans son étude des Parisiens sous l’Occupation : il se fonde sur les témoignages vécus de gens de toute condition, témoignages qui ne révèlent bien souvent qu’un immense désarroi. « Vieux ou jeunes, hommes ou femmes, qu’ils soient juifs ou aryens, tous ont vécu cette époque comme une période de confusion, de privations, de frustrations et de peur, mais aussi de profonde ambivalence », écrit Victoria Harris dans Times Higher Education. Une ambivalence protéi­forme, qui se manifeste aussi bien à l’égard de Pétain (vieillard gâteux à la solde des Allemands pour les uns, rempart ultime de la nation pour les autres) que vis-à-vis des attentats « communistes » (lesquels entraînent de terribles représailles) ou des bombardements alliés (on plaint les 600 morts ...
LE LIVRE
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Paris at War: 1939-1944 de David Drake, Harvard University Press, 2015

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