Arendt manipulée par Eichmann

Le fonctionnaire nazi fut loin de n’être qu’un simple exécutant. Une nouvelle biographie révèle son fanatisme.

Il est devenu l’incarnation du petit fonctionnaire terne, simple exécutant des ordres les plus inhumains. C’est en assis­tant à son procès, qui se tint à Jérusalem en 1961, que la philosophe Hannah Arendt a ­forgé son concept de « banalité du mal ». Elle « s’attendait à voir un monstre, rappelle Gerald Steinacher dans le Wall Street Journal. Au lieu de quoi elle avait devant les yeux un vieillard parfaitement ordinaire. » Mais Adolf Eichmann, qui fut, rappelons-le, l’un des principaux adjoints de Heinrich Himmler, chef d’orchestre de la solution finale, et que le Mossad alla traquer jusque dans sa planque argentine, était-il si ordinaire que cela ? « Pendant très longtemps, sa description habile de lui-même a aveuglé bien des gens, faisant oublier le rôle majeur qu’il avait joué dans la Shoah », estime Saul David dans le Telegraph. « L’image tenace d’un Eichmann anonyme et obéissant aux ordres découle de sa troublante capacité à adapter son récit aux désirs et aux fantasmes de son auditoire », confirme Steven Ascheim dans le New York Times. C’est ce que prouve l’ouvrage de la philosophe allemande Bettina Stangneth, <...
LE LIVRE
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Eichmann avant Jérusalem. La vie tranquille d’un génocidaire de Bettina Stangneth, Calmann-Lévy, 2016

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