Publié dans le magazine Books n° 75, avril 2016. Par Baptiste Touverey.
Ils sont le grand non-dit culturel de l’Antiquité, leurs auteurs restent mystérieux, le mièvre y côtoie le scabreux et le sublime. Mais ils ont posé les bases d’un genre promis à un bel avenir. Les romans grecs et latins sont à (re)découvrir dans un nouveau et remarquable recueil.
Le roman est né « un mardi après-midi de juillet », au Ier siècle de notre ère. Ce fut, à l’instar de l’alphabet mille et quelques années plus tôt, une invention unique, due à un homme bien précis. Chariton d’Aphrodisias en l’occurrence. Sauf que, bien entendu, elle eut peut-être lieu un mercredi et que Chariton – si c’était bien son nom et s’il ne fut pas précédé par d’autres écrivains dont les œuvres ont disparu – préférait peut-être écrire le matin… La thèse d’un « premier roman délibérément entrepris et rédigé par un seul auteur » remonte aux années 1960. On la doit à l’universitaire américain Ben E. Perry, qui, de toute évidence, avait le sens de la formule. Au-delà de son caractère provocateur, elle illustre, comme les polémiques qu’elle n’a cessé de susciter depuis, la difficulté d’aborder les origines d’un genre littéraire, aujourd’hui archidominant, mais qui pendant des siècles dut se passer de nom. Le roman n’a pas eu son Aristote. Bien que fils de l’Antiquité, il était irréductible à ses ...