Vous avez bien dit « anglo-saxon » ?

Les Français raffolent du terme « anglo-saxon », qu’ils mettent à toutes les sauces. Il est pourtant inusité dans le monde anglophone. Un historien se penche sur cette curiosité.


«Aujourd’hui, les acteurs dominants [du Net], anglo-saxons en particulier, ne respectent pas les règles du jeu et utilisent leur position ­dominante pour empêcher d’autres acteurs d’émerger », déclarait Emmanuel Macron fin septembre au sommet européen de Tallin. Le Financial Times a repris la formule en titre : « Macron slams “Anglo-Saxon” tech giants. » En prenant soin de mettre « Anglo-­Saxon » entre guillemets. Car les Britanniques, mais aussi les Américains, les ­Canadiens et les Australiens ne se reconnaissent pas dans ce ­vocable, dont l’usage par les Frenchies les amuse et les irrite. Dans les pays anglophones, en effet, il désigne une période du Moyen Âge et n’est guère utilisé que dans l’acronyme WASP (white anglo-saxon protestant), qui désigne l’élite de la côte Est américaine. Intrigué par ce cliché linguistique, un historien de l’université d’Édimbourg, Émile Chabal, s’est penché sur sa genèse et la signification de son usage dans un brillant article ­publié sur le site Aeon. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, le terme n’est utilisé en France ...
LE LIVRE
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À quoi tient la supériorité des Anglo-Saxons de Edmond Demolins, Anthropos/Economica, 1998

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