La biodiversité n’a pas de prix
Publié le 27 juin 2017. Par La rédaction de Books.
Pour souligner l’importance de préserver la Grande barrière de corail, une fondation a fait estimer sa valeur économique : 37 milliards d’euros. C’est faire fausse route, selon les biologistes Paul R. Ehrlich et Andrew Beattie. Si la nature est bien une ressource, lui donner un prix n’a pas de sens. L’important n’est pas l’hypothétique valeur qu’elle pourrait avoir mais ce qu’elle nous apporte, expliquent-ils dans Wild Solutions. La biodiversité est une sorte de capital, différent, qui doit être préservé non pour en garantir ou augmenter l’apport financier mais parce qu’il nous est utile, selon les deux auteurs. « Il faut reconnaître la véritable valeur de ces deux sortes de capital et organiser l’économie humaine pour préserver les deux, écrivent-ils. La valeur du capital financier est acceptée par la plupart des gens ; celle du capital naturel commence tout juste à être reconnue. »
Beattie et Ehrlich s’emploient à élargir cette reconnaissance dans Wild Solutions en décrivant toutes sortes d’espèces animales méconnues mais hautement utiles pour les humains, de la fourmi australienne qui produit de l’antibiotique au vers qui projette de la colle. Les plantes ne sont pas en reste, au-delà du blé, chêne et autre belladone. Dans son « Dictionnaire des plantes économiques », J. C. T. Uphof rassemble plus de 10 000 essences végétales utilisées par l’homme que ce soit dans le domaine médical, l’alimentation, la construction ou encore la teinture.
Mais il ne suffit pas de préserver les espèces utiles, soulignent Beattie et Ehrlich. Non seulement nous ne savons pas lesquelles pourront nous aider à l’avenir, mais surtout elles fonctionnent en écosystème. Ces mécanismes d’interactions complexes permettent de se débarrasser de certains déchets, de purifier l’air ou de polliniser les plantes, mais ils sont encore mal compris. Et jouer sur certains maillons de la chaîne, c’est prendre le risque de compromettre tout ce capital (naturel).
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