Sommes-nous trop nombreux sur terre ?

Le 31 octobre 2011, quelque part sur la terre, est censé être né le sept milliardième être humain. La nouvelle a fait les titres des quotidiens et des journaux télévisés du soir, ce qui à la réflexion est quand même un peu étonnant, s’agissant d’un fait dont on ignore à quel moment précis il s’est produit (compte tenu des incertitudes en ces matières, le seuil pourrait même avoir été franchi il y a un an ou deux ou être appelé à le faire dans le même laps de temps), où exactement il a eu lieu (statistiquement parlant, il y a sept chances sur dix que ce soit dans un pays du sud, vraisemblablement en Inde), et le nom de la personne concernée. Plusieurs pays ont bien tenté d’établir qu’ils avaient eu la chance d’accueillir l’événement, mais l’assez ridicule assaut de revendications auquel ils se sont livrés à ce sujet en apprend à l’évidence bien davantage sur la logique des médias et le fonctionnement de la société de la communication que sur les réalités de la population mondiale.

Ce passage du cap symbolique des sept milliards d’habitants de la terre a dans tous les cas fourni l’occasion de relancer les interrogations, voire de raviver les inquiétudes, au sujet du destin démographique de la planète : n’allons-nous pas être bientôt trop nombreux, ne le sommes-nous pas en réalité déjà ? L’idée du surpeuplement n’est pas nouvelle, elle est même très ancienne, à vrai dire elle est presque aussi vieille que l’humanité. Dans son dernier ouvrage Le Poids du nombre – L’obsession du surpeuplement dans l’histoire, Georges Minois raconte sa longue histoire.

Un historien atypique

Georges Minois n’est pas démographe, mais historien, sans d’ailleurs même être avant tout historien des populations. Entre autres talents, c’est un spécialiste de l’histoire culturelle et des idées. Historien non universitaire, qui a décidé d’enseigner au lycée toute sa vie pour pouvoir travailler sur des sujets de son choix et se consacrer à écrire, Georges Minois fait partie de ces auteurs, relativement rares en France mais nombreux dans le monde anglo-saxon, qui sont capables d’écrire des livres savants destinés également au grand public : produits d’un travail de recherche sérieux et professionnel appuyé sur l’étude rigoureuse et précise des faits et des textes, ces ouvrages sont par ailleurs rédigés dans une langue dépourvue de jargon et un style élégant. Celui de Georges Minois est particulièrement enlevé, ce qui rend ses livres aussi aisés et agréables à lire que ceux de Jean-Christian Petitfils ou Jean des Cars. Comme ces derniers un auteur « prolifique », selon l’expression consacrée, Minois a publié 35 livres, généralement très épais, qu’on peut répartir en trois grandes catégories : des ouvrages sur l’histoire de la Bretagne et sur celle du catholicisme, des biographies de monarques (Henri VIII, Charlemagne) ainsi que d’auteurs classiques français (Bossuet, La Rochefoucauld), et des monographies sur l’histoire des idées, des comportements et des représentations : Histoire de la vieillesse, Histoire du suicide, Histoire de l’avenir, Histoire du mal de vivre, L’âge d’or – Histoire de la poursuite du bonheur. Le poids du nombre relève bien entendu de ce dernier genre, Minois ayant cette fois choisi de traiter un thème particulièrement sensible et chargé d’émotions : la surpopulation.

La longue histoire de deux fantasmes

L’objectif explicite du livre n’est pas de raconter l’histoire du surpeuplement mais bien celle de l’idée que s’en sont fait les individus et les sociétés. En un parcours mené au grand galop mais extraordinairement bien documenté (Minois semble avoir lu à peu près tout ce qui a été écrit sur le sujet en vingt siècles), on découvre l’histoire mêlée des deux fantasmes opposés qui ont façonné les mentalités dans ce domaine, et se sont exprimés de manière récurrente, le plus souvent en alternance, de l’aube de l’humanité à nos jours : d’un côté, l’image d’un monde trop rempli, de l’autre celle d’un inexorable déclin démographique.

De manière générale, les sociétés de chasseurs-cueilleurs du paléolithique semblent s’être montrées plutôt soucieuses d’adapter leur taille à la quantité de ressources dont elles disposaient. Avec la révolution néolithique et le début de l’agriculture, cette préoccupation disparaît. Dans les cités grecques antiques, la peur du surnombre renaît, et Aristote comme Platon considèrent qu’il est du devoir du gouvernement de réguler la démographie. Rassurés à l’idée qu’ils pouvaient en permanence étendre la surface de leur territoire, les Romains n’éprouvaient pas si fortement le besoin de contrôler l’évolution de leurs effectifs ; et lorsqu’ils l’ont fait, c’était plutôt pour tenter (sans succès) de mettre en œuvre des politiques natalistes, visant à rééquilibrer le nombre de citoyens de la péninsule face aux énormes populations du reste de l’Empire. Dans les sociétés du Moyen-Orient, à commencer par la société hébraïque, le mot d’ordre était nettement à l’accroissement, pour des raisons de puissance et de prestige.

Au Moyen Âge, le sentiment de surpeuplement est à nouveau dominant, et les voix qui s’expriment le font généralement dans le sens de l’invitation à la prudence. Aux XVIe et XVIIe siècles, le spectre d’un monde en train de se dépeupler revient hanter les esprits : chez Jean Bodin et Bossuet, Fénelon et Vauban, l’angoisse d’une terre française de plus en plus vide est manifeste. En dépit d’un certain pessimisme vis-à-vis de la vie observable chez les élites, affirme Minois, le XVIIIe siècle et les Lumières seront également « populationnistes ». Montesquieu et Diderot s’inquiètent du dépeuplement de la France. Parce qu’ils ont confiance dans le progrès de l’intelligence et l’ingéniosité humaine (Condorcet), ou dans la capacité de la nature à ajuster la taille de la population à la quantité de nourriture disponible (Adam Smith, David Hume, Benjamin Franklin), les penseurs du XVIIIe siècle n’envisagent pas le risque de surpopulation.

Assez systématiquement, Georges Minois met en rapport les opinions exprimées à une époque donnée et l’état de la situation démographique au même moment. Souvent, ils sont cohérents : si le Moyen Âge est prudent en la matière, c’est du fait de la tension constante, durant cette période, entre la taille de la population et la production agricole. Mais ce n’est pas toujours le cas. Au XVIe siècle, dans l’Angleterre peu occupée, on craint le surpeuplement, quand dans une France comptant quatre fois plus d’habitants, on affirme qu’il n’y aura jamais assez d’hommes dans le royaume.

De ses travaux antérieurs sur le catholicisme, Minois a conservé un intérêt spécial pour le comportement de l’Église. Un des fils conducteurs de son récit est l’histoire torturée des contradictions et atermoiements des penseurs chrétiens dans ce domaine, déchirés entre, d’un côté, le respect de l’impératif biblique « croissez et multipliez » et la volonté de ne pas interférer dans des processus naturels considérés comme le produit d’un projet divin, de l’autre une méfiance allant jusqu’à l’hostilité à l’égard du corps, de la sexualité et de la procréation, ainsi que le culte de la virginité et la valorisation de l’abstinence.

Un chapitre entier de l’ouvrage est naturellement consacré Malthus, dont l’Essai sur le principe de population, publié en 1798, représente un point d’inflexion majeur dans l’histoire de l’idée de surpeuplement. Comme on sait, Malthus est le premier à avoir donné à cette idée une expression mathématique, sous la forme de la célèbre loi voulant que si la production agricole augmente en progression arithmétique, la population humaine, elle, s’accroît de manière géométrique. On sait aussi que les faits lui ont donné tort. D’un côté, l’augmentation de la productivité agricole, grâce au progrès technique, a permis de lever l’hypothèque d’un épuisement des ressources alimentaires, de l’autre, la chute de la mortalité sous l’effet du développement économique et des progrès de l’hygiène et de la médecine a conduit les sociétés avancées, à travers le phénomène de « transition démographique », à la situation d’équilibre bas (faible taux de mortalité, faible taux de natalité) qui caractérise aujourd’hui un nombre croissant de pays.

Malthusiens et antimalthusiens

Mais les idées de Malthus demeurent une référence intellectuelle par rapport à laquelle tous ceux qui se penchent sur la question de l’évolution de la population ne peuvent éviter de se situer. La dernière partie de l’ouvrage de Georges Minois est ainsi consacrée à la description de l’affrontement entre « malthusiens » et « anti-malthusiens » qui a fait rage tout au long du XIXe et du XXe siècle. On découvre (ou redécouvre) le malthusianisme de John Stuart Mill et de l’ère victorienne, l’influence exercée par Malthus sur Darwin, pour lequel il a été une source d’inspiration fondamentale, le populationnisme nationaliste et patriotique dans la France du début du XXe siècle et l’Allemagne nazie, et le populationnisme socialiste et communiste défendu à la même époque, la variété « eugéniste » de « néomalthusianisme » incarnée notamment par Thomas Galton et Alexis Carrel, etc.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, le tableau change à nouveau. En publiant, en 1968,  son fameux ouvrage The Population Bomb, Paul Ehrlich donne le signal d’un retour triomphant des idées de Malthus et inaugure une longue lignée de livres et de rapports décrivant l’avenir démographique en termes dramatiques, voire apocalyptiques. Du rapport du Club de Rome de 1972 à celui de la Royal Society de 1992, en passant par les travaux du World Watch Institue de Lester Brown et les ouvrages de Gaston Bouthoul et Georg Borgstrom, Georges Minois passe en revue l’abondante littérature des cinquante dernières années sur ce thème, littérature dont émane globalement un message d’inquiétude et à l’intérieur de laquelle les prises de position violemment natalistes des Français Alfred Sauvy et Pierre Chaunu détonnent par leur caractère férocement antimalthusien.

Avec le temps, l’objet des préoccupations s’est toutefois élargi. La perspective qui effraye n’est plus avant tout, ou plus seulement, celle de l’insuffisance des ressources alimentaires ; c’est aussi celle d’un monde en manque d’énergie, de plus en plus malmené par un développement industriel sans contrôle, et endommagé par ces atteintes irréversibles à l’environnement et aux équilibres des écosystèmes dont l’altération du climat sous l’effet de l’usage massif des combustibles fossiles constitue l’exemple emblématique.

Simplement trop nombreux ?

Dans cette dernière partie de l’ouvrage, Georges Minois se départit de sa neutralité d’historien pour afficher ouvertement son sentiment personnel sur la question : la planète est effectivement surpeuplée. Anticipant la naissance du sept milliardième citoyen du monde, encore à venir au moment il rédigeait son livre, Minois se demandait en conclusion s’il fallait lui envoyer « un courrier de bienvenue ou une lettre d’excuses ». Ce relatif pessimisme est loin d’être universellement partagé. Dans l’abondante littérature récente sur les grands enjeux démographiques auxquels le monde est confronté, les craintes au sujet d’un inéluctable  gonflement de la population, et les mises en garde contre une catastrophe démographique à venir, sont largement équilibrées par l’expression de vues plus optimistes.

Les chiffres semblent il est vrai donner raison à ceux qui prédisent l’arrêt prochain de l’augmentation de la population mondiale à un niveau acceptable. Après avoir grimpé jusqu’à 2 % par an durant les années 1960, le taux de croissance est en effet retombé à environ 1,1 % aujourd’hui, et il est sérieusement envisagé qu’il devienne bientôt nul, voire négatif. Dans le plus récent exercice de projections démographiques des Nations Unies, le scénario de trajectoire « haute » prévoit l’accroissement de la population mondiale jusqu’à 10 milliards d’individus en 2050, puis 15 milliards en 2100 ; le scénario « bas » l’atteinte d’un maximum de 8 milliards en 2050, suivi d’une décroissance jusqu’à 6 milliards en 2100, et le scénario « moyen », théoriquement le plus probable, une augmentation à 9 milliards en 2050 avec stabilisation à 11 milliards à la fin du siècle.

Même le chiffre le plus modeste n’est-il toutefois pas déjà trop élevé ? Ne sommes-nous pas « simplement trop nombreux », comme le titrait un article de synthèse bien informé et équilibré de Bownwen Maddox dans le numéro d’octobre de la revue Prospect ? L’idée qu’un nombre maximum d’habitants peuvent vivre sur terre, qui a l’air d’aller de soi, est difficile à concrétiser. Selon les éléments pris en compte dans le calcul, faisait remarquer il y a quinze ans le démographe Joel E. Cohen dans son ouvrage How Many People Can the Earth Support?,  les estimations varient de 1 milliard à 1 000 milliards. Dans Surpopulation, mythe ou menace ? Joseph Klatzmann mentionne un éventail plus resserré, mais qui s’étend néanmoins encore de 2 milliards d’individus (chiffre avancé par l’écologiste François Ramade) à 150 milliards (celui que propose l’économiste agricole Colin Clarke). On ne s’étonnera pas de voir Massimo Livi-Bacci affirmer, dans son classique A Concise History of World Population, que l’idée d’une taille maximale de la population mondiale est bien trop grevée de difficultés conceptuelles pour s’avérer utile comme outil de prévisions.

Un avenir incertain

La démographie est une science de maniement complexe et délicat. Parce qu’elle a affaire à des réalités idéologiquement et émotionnellement très chargées (la vie, la mort, la procréation, le territoire, les identités nationales), elle peut aisément donner lieu à des usages contaminés par toutes sortes de considérations extrascientifiques. Ainsi qu’Hervé Le Bras l’a montré dans Les limites de la planète et Vie et mort de la population mondiale, c’est notamment le cas pour tout ce qui concerne l’avenir démographique de la planète. Que la démographie, contrairement aux autres sciences sociales, mais à l’instar de l’économie, ait l’avantage de pouvoir travailler sur la base de données naturellement quantifiées (le taux de natalité, de mortalité, de fécondité, etc.) ne la rend par ailleurs capable de prévisions fiables qu’à l’intérieur de limites étroites. Du fait de la dépendance des phénomènes qu’elle prend pour objets vis-à-vis de très nombreux paramètres, dont certains mal connus et maîtrisés, qui sont en interaction complexe, en raison surtout des effets d’amplification intervenant avec le temps, de petites différences dans la situation de départ peuvent se traduire par de spectaculaires écarts à l’arrivée. Plus on s’éloigne du moment de la prévision, plus les projections ont un caractère aventureux et hasardeux, et au-delà d’une ou deux décennies, elles cessent pratiquement d’être crédibles.

On gardera aussi à l’esprit que la quasi-totalité des politiques et des programmes de contrôle de la population se sont révélés largement inefficaces. Comme les opinions au sujet du surpeuplement, les attitudes en matière de procréation ont un caractère profondément culturel. Les autorités publiques feraient donc sans doute mieux d’abandonner l’idée d’agir directement sur des phénomènes qui dépendent de facteurs sur lesquels ils n’ont aucune prise, pour tabler résolument sur tout ce qui peut contribuer à accélérer le phénomène de transition démographique.

Dans l’hypothèse (plausible mais non certaine) où la croissance de la population mondiale s’interrompait dans un avenir plus ou moins proche (même dans ce cas, elle se poursuivra un certain temps du fait de l’inertie démographique), tous les problèmes ne s’en trouveraient cependant pas résolus pour autant. Dans un ouvrage récent intitulé en français, de manière un peu sensationnaliste, L’apocalypse démographique n’aura pas lieu (mais l’ouvrage est lui-même de ce ton), Fred Pearce, après avoir lancé un curieux cri d’alarme au sujet de la dépopulation des pays développés, analyse ce qu’il considère comme les deux réels enjeux démographiques des décennies à venir : les tensions engendrées par des mouvements migratoires de plus en plus importants, et l’irrésistible vieillissement de la population mondiale. Il y a en réalité un certain temps déjà qu’économistes, démographes et des organisations internationales comme l’ONU ou l’UNESCO ont attiré l’attention sur ces deux problèmes, auxquels Hervé Le Bras et quelques autres ajoutent à juste titre les conséquences de l’usage massif et irrationnel du sol, dans les pays du sud, pour l’alimentation du bétail et la production de biocarburants, dans les deux cas au bénéfice essentiel des pays développés.

À l’évidence, si l’idée de population-limite, comme Georges Minois le reconnaît, n’a pas vraiment de sens, les capacités de la terre ne sont pas non plus infinies. Un point sur lequel presque tout le monde semble tomber d’accord est le suivant : si une terre dotée de 10 milliards d’habitants peut théoriquement être considérée comme vivable, une population de cette taille se nourrissant, produisant, vivant et consommant comme le fait aujourd’hui celle des pays développés est pratiquement impossible à envisager.  

Le monde de demain ne sera pas nécessairement surpeuplé au sens où les prophètes de malheur l’entendent. Mais, ainsi que le souligne Georges Minois, le surpeuplement est une notion relative, qui dépend de nos attentes et de notre niveau d’exigence, au plan matériel mais aussi en termes psychologiques : « Un entassement de 10 milliards d’hommes bien nourris reste un entassement ». L’idée d’un monde exclusivement composé de quelques dizaines de mégalopoles au milieu de millions d’hectares de sol dévolus à l’agriculture industrielle n’est pas particulièrement séduisante. Sans tomber dans la fétichisation de la nature dont Pascal Bruckner, dans Le fanatisme de l’Apocalypse, accuse les écologistes de se montrer coupables, il faut reconnaître qu’avec la disparition progressive des derniers sites inviolés et des territoires naturels intacts, la terre perd un peu de ses richesses et que disparaît avec eux quelque chose qui a de la valeur, et pas simplement en termes économiques. La perspective d’un monde moins abîmé mais où subsisteraient d’aussi flagrantes et scandaleuses inégalités économiques qu’aujourd’hui n’est pas davantage acceptable. Mais l’un et l’autre de ces scénarios sont-ils évitables ? Si ceci implique, comme il semble, des changements assez profonds dans le fonctionnement de l’économie et de la société, peut-on espérer qu’ils se produisent ?

Au bout du compte, la raison pour laquelle Georges Minois envisage sans optimisme l’avenir du sept milliardième être humain est que son expérience d’historien lui a appris à ne pas nourrir une trop grande confiance en la capacité des hommes et des sociétés qu’ils composent à se conduire de manière, sinon complètement rationnelle, ce qui n’est de toutes façons ni possible ni sans doute souhaitable, à tout le moins raisonnable. Les faits lui donnent-ils tort ?

LE LIVRE
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Le Poids du nombre, Perrin

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