Dieu est rouge

Il y a le récit officiel de la vie en Chine communiste, et il y a la version officieuse. Liao Yiwu est l’auteur majeur de cette histoire secrète. » (Wall Street Journal)

«La manière dont Liao raconte les Chrétiens chinois permet à la lumière de la vérité de briller dans les ténèbres. C’est la beauté de son écriture. » (Liu Xiaobo, Prix Nobel de la Paix 2010)

Liao Yiwu a été élevé dans l’idée que la religion incarnait le mal. Dans son pays, la Chine communiste, les croyants sont au mieux considérés comme des illuminés, au pire comme des espions impérialistes. Cependant, à force d’être persécuté, Liao Yiwu s’est découvert un lien fort avec les chrétiens chinois, admirant leur engagement pour la liberté d’expression et leur quête de sens dans une société en pleine mutation idéologique. Il s’est donné pour mission de sauvegarder la mémoire des histoires enfouies de ces croyants courageux dont le gouvernement totalitaire n’a pas réussi à briser la foi.

Avec truculence et tendresse, l’écrivain dissident fait parler celles et ceux qu’il est allé rencontrer en ville ou dans les campagnes les plus reculées, jouant parfois à cache-cache avec la police.

À travers ces destins inouïs, se dévoile tout un pan méconnu de l’histoire de la Chine. L’incroyable fidélité, la modestie, la douceur des chrétiens chinois leur vaut aujourd’hui l’admiration d’une grande partie de la population… et fait trembler le régime, qui ne sait comment s’y prendre avec ces insoumis aussi indomptables que pacifiques, prêts à payer le prix du sang.

Vieille nonne centenaire ; tibétain catholique ; jeune converti branché ; vénérable doyen protestant descendant d’une lignée de pasteurs d’avant la révolution chinoise ; musicien de rue handicapé ; médecin aux pieds nus… Autant de portraits hauts en couleurs, de récits fascinants, dans lesquels Liao, en agnostique qui ne méprise pas la mystique, s’affirme à la fois comme l’un des écrivains chinois les plus originaux et comme un témoin essentiel pour les générations à venir.

Liao Yiwu est né en 1958. Son père a été condamné lors de la Révolution culturelle en 1966. Marqué par la lecture de Keats et de Baudelaire, l’œuvre de Ginsberg et les chansons de Bob Dylan, il est devenu dans les années 1980 l’un des poètes majeurs de l’avant-garde chinoise. La tragédie du 4 juin 1989 l’a fait basculer dans la dissidence. Libéré en 1994 après quatre ans de prison, il a vécu comme un marginal, poète, musicien, chanteur et écrivain. Ses livres sont interdits en Chine, même s’il est l’un des écrivains chinois les plus lus clandestinement. Son premier ouvrage publié à l’étranger a été L’Empire des bas fonds (Bleu de Chine, 2003). Menacé d’un nouvel emprisonnement, Liao Yiwu s’est enfui en 2011. Il vit aujourd’hui en Allemagne et a reçu en 2012 le prix pour la Paix des libraires allemands. En 2013 la publication en France, de Dans l’empire des ténèbres, le récit de son séjour dans les prisons chinoises pour avoir rendu hommage aux victimes du massacre de la place Tian’anmen (1989) a été un véritable événement.

Depuis vingt ans, son œuvre est la plus puissante et la plus bouleversante description de la Chine vue du côté des humbles et des victimes d’un régime dont il ne cesse de dénoncer la perversion et la folie. Un immense talent littéraire, associé à une grande profondeur spirituelle, un humour ravageur et une juste colère.

 

Préface de Marie Holzman et Jean-François Bouthors