Inattendu
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Ce que nous dit la braguette

La reprise économique est en vue, du moins aux Etats-Unis, si l’on en croit Alan Greenspan, ancien directeur de la Réserve Fédérale américaine, et son étrange instrument de mesure : l’Indice des sous-vêtements masculins. Les Américains achèteraient moins de caleçons et autres slips quand l’économie patine, explique-t-il. Quand leurs ventes repartent à la hausse, la croissance aussi.

Ce n’est pas la première fois que les dessous des hommes en disent long sur l’état du monde. Avant d’être promus au rang d’indice économique, les sous-vêtements de ces messieurs ont été chargés de sens politique et social, explique l’historien de la mode Shaun Cole dans L’histoire des sous-vêtements masculins. Il en veut pour preuve l’histoire de la braguette, cette poche bouffante que les hommes portaient à l’entrejambe entre la fin du Moyen Age et le XVIe siècle. Loin d’être une invitation lancée aux femmes, elle adressait aux hommes « un avertissement tape-à-l’œil et agressif », écrit Cole. Cette poche bouffante est alors portée dans toute l’Europe et dans toutes les classes sociales. Mais plus elle est voyante par sa taille ou sa décoration, plus elle traduit la puissance de son propriétaire. Shakespeare en souligne d’ailleurs l’importance dans Les Gentilshommes de Vérone : Julia, qui se déguise en homme, ne peut se passer d’une braguette pour être crédible. Un phénomène de mode dont on appréciera le caractère pratique, puisque ses dimensions n’ont cessé de croître. Il est vrai qu’elle sert aussi de poche pour les clés, les pièces, un mouchoir… A la cour d’Henri VIII, l’accessoire était devenu si imposant que les hommes ne pouvaient plus se pencher pour mettre seuls leurs chaussures, rappelle Denis Bruna dans La Mécanique des Dessous. Rabelais s’en moque dans La vie de Gargantua et Pantagruel, où Panurge réclame une braguette carrée de trois pieds de long.

Pourtant à ses débuts, à la fin du XIVe siècle, la braguette a une fonction purement utilitaire : elle couvre l’ouverture de la chausse (le pantalon). On la rembourre pour protéger cette partie sensible et on l’attache avec des épingles à la chausse ou au pourpoint.

 

LE LIVRE
LE LIVRE

L’histoire des sous-vêtements masculins de Shaun Cole, Parkstone International , 2010

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