Ces maladies qui n’existent que parce que nous y croyons
Publié le 12 octobre 2017. Par La rédaction de Books.
Le prix d’un médicament a une influence sur l’efficacité du traitement. Cette découverte publiée dans la revue Science ce mois-ci est liée à l’effet nocebo, pendant négatif du placebo. Si l’efficacité des traitements peut être fonction de l’idée que nous nous en faisons, il est aussi possible de développer des symptômes quand nous croyons être malades. Le journaliste Frank Bures explore ainsi, dans The Geography of Madness, les « syndromes culturels ».
Ces maladies, comme la frigophobie en Chine (une peur du froid liée à la cosmologie chinoise de l’équilibre entre le froid et le chaud), l’amok en Malaisie (une folie meurtrière dont le malade ne garde aucun souvenir) ou le koro au Nigeria, à Singapour ou à Hong-Kong (la peur de mourir du fait d’une remontée des organes génitaux), sont liées à certaines conceptions culturelles. En Occident, le syndrome prémenstruel, l’intolérance au gluten et la dysmorphophobie sont à classer dans cette catégorie, assure Frank Bures.
« Vous sentez que quelque chose ne va pas et vous croyez que ces choses, le gluten ou les éoliennes ou les hormones, ou les formules magiques en sont la cause, décrit-il. Selon votre conception du monde, vous pouvez développer des symptômes que vous générez en quelque sorte en y croyant. »
Ces maladies existent parce que suffisamment de personnes y croient et en entendent parler. Quand les histoires les entourant deviennent familières alors il est possible qu’elles deviennent réelles pour tous. Ces syndromes ne relèvent pas de la fiction.
Pour les comprendre, il faut cesser de se référer au modèle biomédical, qui conçoit le corps comme une machine où toute anomalie est le fruit d’une réaction biochimique et peut être éliminée de la même manière. « L’effet de boucle biologique est un modèle plus pertinent et complexe, explique Bures. Nos idées, notre état d’esprit et nos croyances ont une influence sur la biologie et la modifient au point de pouvoir mesurer ces changements. » Bures emprunte cette idée au philosophe Ian Hacking pour qui l’état mental peut influencer le biologique et inversement.
A lire dans Books : Vous êtes sûr que vous avez mal ?, mars 2015.