Du danger de se mettre les espions à dos

Le pouvoir politique et les services secrets entretiennent souvent des rapports compliqués. Les premiers n’hésitent pas à faire porter aux seconds la responsabilité de leurs échecs, et inversement. Mais rarement un dirigeant aura affiché autant de mépris que Donald Trump pour le renseignement.


© Stephen Crowley / The New York Times / Redux / Rea

En route vers les funérailles d’un soldat américain tué dans un raid au Yémen en janvier dernier. Donald Trump avait donné son feu vert à l’opération sans disposer de renseignements suffisants.

Le 13 décembre 2003, John Nixon est conduit à l’aéroport international de Bagdad. Il fait nuit. Il arrive accompagné d’un petit groupe. Ils longent plusieurs bâtiments annexes avant d’atteindre leur point d’arrivée, situé un peu à l’écart du bâtiment principal. Nixon descend du ­véhicule. « Nous étions là, à attendre, se souvient-il. Puis un militaire est venu à notre rencontre en nous a dit : “OK, c’est à vous.” C’est alors que nous sommes ­entrés. » Après avoir traversé un grand hall, il s’arrête devant une porte. Quelqu’un ouvre. « C’est alors que je l’ai vu, assis là, poursuit Nixon. Je me rappelle que je n’arrivais pas à croire que c’était bien lui. Je m’attendais à le voir, mais c’était tout de même un sacré coup. Dans un coin de mon esprit, je me disais : “On n’arrivera jamais à le choper.” » L’homme assis sur la chaise est Saddam Hussein. Les forces spéciales l’ont capturé plus tôt dans la nuit près de Tikrit, ville située à quelque 150 kilomètres au nord-ouest de Bagdad. La traque de l’ancien dictateur avait pris un tour fré...
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Debriefing the President: The Interrogation of Saddam Hussein de John Nixon, Blue Reader Press, 2016

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