De l’« Homintern » au Komintern

Connu pour ses frasques, le Britannique Guy Burgess était aussi un espion efficace au service des Soviétiques. Son appartenance à une classe de privilégiés à qui toutes les excentricités, y compris les plus inavouables, étaient permises s’est révélée la meilleure couverture dont pouvait rêver un agent secret.


© Popperfoto / Getty

Guy Burgess (ici en 1956, avec son biographe Tom Driberg) a vécu les douze dernières années de sa vie à Moscou dans un relatif confort mais dans un tourment quasi permanent.

Une des singularités de Guy Burgess, le plus pittoresque de ceux que l’on surnomme « les espions de Cambridge », est que, même complètement dépe­naillé, avec ses costumes froissés couverts de taches de nourriture et son haleine chargée d’ail et d’alcool, il tenait à mettre sa cravate d’ancien d’Eton. Il l’arborait dans les manifestations étudiantes à Cambridge ; lorsqu’il était haut fonctionnaire et directeur des programmes à la BBC, et qu’il écumait pendant son temps libre les bars et les toilettes publiques de Londres en quête d’aventures sexuelles ; et même avec les camarades à Moscou après son exil en 1951. C’est une singularité parce que les anciens élèves du collège privé le plus huppé d’Angleterre ne font normalement pas état de leur statut. La supériorité des Old Etonians va de soi ; on sait qui est qui. En un mot, porter la cravate noire et bleu clair des OE, ça ne se fait pas. Afficher ainsi sa cravate d’école avait même quelque chose de carrément vulgaire. Et beaucoup de ceux qui détestaient Burgess lui reprochaient de ne pas être ...
LE LIVRE
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Guy Burgess: The Spy Who Knew Everyone de Stewart Purvis et Jeff Hulbert, Biteback, 2016

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