De l’impossibilité de prévoir

Climat, économie, santé, tremblements de terre… Le business de la prévision repose sur une illusion collective : l’idée que les modèles mathématiques mis au point par les chercheurs sont efficaces. En vérité, ils sont totalement inadaptés aux systèmes complexes qui nous intéressent.

L’homme a toujours voulu prédire l’avenir : à croire que nous sommes génétiquement prédisposés à chercher à savoir ce qui nous guette. C’est particulièrement vrai des scientifiques, dont beaucoup pensent que c’est là le but véritable et le test de toute théorie. Parlez-en donc aux auteurs des courriels piratés du laboratoire de climatologie de l’université d’East Anglia (1). La plus belle opération de prédiction de tous les temps reste l’oracle de Delphes. Il a œuvré pendant près d’un millénaire, depuis le VIIIe siècle avant notre ère. Il était assuré par une femme, la Pythie, choisie dans la population locale comme messagère du dieu Apollon. Ses prédictions étaient souvent vagues, voire équivoques, ce qui explique sans doute sa longévité – un peu comme celles d’Alan Greenspan (2). La tradition occidentale de prévision numérique remonte à Pythagore, qui doit justement son nom à la Pythie : dans l’un de ses plus célèbres éclairs de perspicacité, elle avait prédit sa naissance à son père, alors même que sa mère ignorait qu’elle était enceinte. Le jeune Pythagore parcourut le ...
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Cataclysmes. La science de prévoir la prochaine catastrophe de Florin Diacu, Princeton University Press, 2009

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