De mur en mur

En couverture de ce numéro de Books, une soldate nordcoréenne monte la garde. Les barbelés longent une rivière qui sert de frontière avec la Chine. De l’autre côté, l’armée chinoise a érigé ces dernières années un mur destiné à empêcher les Nord-Coréens pauvres ou en froid avec les autorités de venir se réfugier du côté chinois. Depuis quelque temps, un peu partout dans le monde, nous assistons à une multiplication des murs de séparation entre des pays ou des communautés. Qui a entendu parler du mur ainsi érigé par l’Inde pour se protéger contre l’immigration des pauvres Bangladais ? Ou de celui érigé par le Botswana pour barrer la route aux pauvres et aux brigands venus du Zimbabwe ? Combien d’Européens connaissent les murs de Ceuta et Melilla, la partie en « dur » de ce que les non-Européens appellent le « mur de Schengen », destiné à faire barrière à l’immigration illégale vers le vieux continent ? Pour nourrir la réflexion sur ce thème de portée planétaire, nous nous sommes concentrés sur le mur érigé par les États-Unis le long de la frontière mexicaine et sur celui construit par les Israéliens en Palestine. Le premier est typique des murs destinés à séparer riches et pauvres. Le second, le plus connu, est moins atypique qu’on le dit. En ce qu’il est destiné à se protéger contre le terrorisme, il rappelle le mur du Cachemire. Par ailleurs, sa dimension politique en fait une sorte de successeur du mur du Berlin : il est un point de fixation des tensions entre deux mondes. Enfin, les murs américain et israélien ont un point commun, et ce n’est pas là le moins dérangeant : ils sont l’un et l’autre érigés par une démocratie, avec le soutien massif des électeurs

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