Du papyrus à l’iPad

« Un livre de référence ne peut pas vraiment raconter une histoire », écrit Noel Malcolm dans le Telegraph britannique. Pourtant, en relevant le défi de rassembler tout ce qui touche à l’univers du livre – rien de moins –, les éditeurs du Oxford Companion to the Book livrent le récit d’une fascinante succession de révolutions : de l’apparition de l’écriture chez les Sumériens, environ trois mille ans avant Jésus-Christ, à l’élaboration, à partir du XIIe siècle, de techniques inédites d’organisation des ouvrages – résumés, index, tables des matières… –, en passant par la mise au point du codex, l’ancêtre du livre moderne, par les Romains. =


« Un livre de référence ne peut pas vraiment raconter une histoire », écrit Noel Malcolm dans le Telegraph britannique. Pourtant, en relevant le défi de rassembler tout ce qui touche à l’univers du livre – rien de moins –, les éditeurs du Oxford Companion to the Book livrent le récit d’une fascinante succession de révolutions : de l’apparition de l’écriture chez les Sumériens, environ trois mille ans avant Jésus-Christ, à l’élaboration, à partir du XIIe siècle, de techniques inédites d’organisation des ouvrages – résumés, index, tables des matières… –, en passant par la mise au point du codex, l’ancêtre du livre moderne, par les Romains. Il a fallu quinze ans et près de 400 experts de vingt-sept nationalités différentes pour élaborer cet ouvrage monumental, véritable « bible de la bibliomanie » selon le Wall Street Journal. Car l’Oxford Companion ne se contente pas de retracer l’histoire du livre imprimé ; il raconte aussi celle des manuscrits, des bibliothèques, des librairies, ou encore de l’édition. Le monde entier est convoqué, même si les pays anglo-saxons se taillent la part du lion. Un déséquilibre attribué par Noel Malcolm à l’état de la recherche sur le sujet, les anglophones ayant largement « ouvert la voie » dans ce domaine. L’ouvrage n’est pas sans contenir quelques erreurs, mais la plupart des critiques ne boudent pas pour autant leur plaisir. À l’instar de James McConnachie, du Sunday Times, qui se délecte d’énumérer une partie des innombrables entrées, dont celle consacrée aux « stalags », ces surprenants « livres sado-pornos en hébreu moderne portant des titres tels que “J’étais la chienne personnelle du colonel Schultz” ». Mais, avec Internet, le Companion semble atteindre ses limites : « La brûlante question de savoir si les appareils électroniques changent la façon dont nous lisons est esquivée », déplore Norman Lebrecht dans le Wall Street Journal. Un acte manqué ? « Les éditeurs annoncent fièrement qu’ils essaient de représenter “le monde du livre tel qu’on le connaît à la fin de la première décennie du XXIe siècle”, relève McConnachie. Ils auraient tout aussi bien pu écrire “à la fin du monde du livre”, car, à l’ère des lecteurs électroniques, l’apocalypse est sans doute proche ». Wait and see.  
LE LIVRE
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Le guide Oxford du livre de Du papyrus à l’iPad, Oxford University Press

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