Des écolos venus de l’espace
Publié le 3 août 2017. Par La rédaction de Books.
Apollo 10 photographie la Terre
Les hippies de 1967 avaient beau prôner le flower power et la vie en communauté, leur environnementalisme n’était pas forcément un retour à l’âge de pierre. L’historien Andrew Kirk souligne dans Green Counterculture à quel point la technologie était importante chez certains écologistes de l’époque. Il a notamment étudié la diffusion du Whole Earth Catalog. Cette brochure prisée par quelques avant-gardistes à San Francisco à sa sortie en 1968 est vite devenue un phénomène national, partagé par les hippies, mais aussi les adeptes du « fait maison » et les curieux de l’autosubsistance dans toute l’Amérique. Au total, elle a été vendue à plusieurs millions d’exemplaires.
Composé ni de prophéties apocalyptiques ni d’éloges passéistes, le Whole Earth Catalog était avant tout un inventaire. Dans ses pages étaient listées toutes sortes de produits utiles pour pratiquer un « environnementalisme pragmatique ». Son créateur Stewart Brand y promouvait à la fois un mode de vie durable, l’ingéniosité humaine et les prouesses technologiques. Il décrivait sa publication comme un livre « sur les outils pour sauver le monde à la seule échelle possible, une main à la fois ».
Si son catalogue a atteint une telle diffusion, c’est aussi grâce à une idée de génie de Brand pour le promouvoir. Sur la couverture de l’ouvrage, il a imprimé la première image de la Terre vue de l’espace. Celle-ci a été publiée pour la première fois en 1967 sur l’insistance de Brand lui-même. Après un trip sous acide en 1966, il était convaincu que montrer cette image changerait beaucoup de choses. Il a alors mené toute une campagne, se transformant en homme sandwich sur le campus de Berkeley, interpelant le Congrès, pour que la NASA la dévoile.
Après 1972, le catalogue ne paraît plus que ponctuellement, mais son influence demeure. Pour Steve Jobs, fondateur d’Apple, qui en parlait encore en 2005, le Whole Earth Epilog (l’édition de 1974) était comme « Google sur papier ».