En Inde, la faim n’est pas aiguë

En Inde, des millions de personnes, depuis de nombreuses générations, sont habituées à ne pas manger suffisamment, écrit Martín Caparrós. Le Bihar est l’une des étapes du sidérant reportage autour du monde entrepris par le journaliste pour essayer de raconter ce qu’avoir faim veut dire. Au-delà des chiffres qui refroidissent les réalités. Voici l’histoire de Rahmati.

Il y a trois docteurs autour de la petite : Maria la Grecque et deux médecins indiens. Il y a aussi deux infirmiers et, derrière, assise sur un petit tabouret rouge, pleurant comme si elle chantait une chanson très triste, la mère de la petite, pieds nus, sari rouge. La petite est toute maigre, immobile, les yeux grands ouverts, un masque à oxygène sur le visage. La petite est arrivée la veille, effrayante de diarrhée, de vomissements, tellement faible, et ils n’ont pas encore réussi à la récupérer. La maman derrière, sa chanson triste. – Oublie tout ce que tu as vu à la télévision. M’a dit, dès mon arrivée, un vétéran de Médecins Sans Frontières. – Ici, ça n’a rien à voir. Tu ne verras presque jamais ces scènes horribles de ventres proéminents et de gambettes tout en os. Ici, tu ne verras pas d’enfants squelettiques entourés de mouches. Ici, c’est différent. Ici désigne d’une manière générique l’Inde. Mais ici, en particulier, c’est Biraul, dans l’État du Bihar, un des ...
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La Faim de Martín Caparrós, Buchet-Chastel

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