Edwige Danticat avait écrit la moitié de
Pour l’amour de Claire, lorsque Haïti – où se déroule l’action du livre – a été frappé par le tremblement de terre de 2010. Elle pouvait l’intégrer à son intrigue ou l’ignorer. Elle a choisi de faire les deux : sans mettre en scène la catastrophe, elle joue sur l’attente du lecteur. « La connaissance de ce qu’on sait devoir advenir plus tard ne désamorce pas ce qui est contenu dans ces pages ; cela les magnifie », note Kamila Shamsie dans le
Guardian. L’ouvrage rassemble plusieurs récits enchâssés, qui constituent bien selon Shamsie « un roman plutôt qu’un recueil de nouvelles ». Au centre, le personnage du titre, Claire, que son père, un pauvre pêcheur, élève seul. Lorsqu’il obtient de Gaëlle, une veuve aisée, qu’elle l’adopte, Claire s’enfuit. On ne saura ce qui lui est arrivé qu’au dernier chapitre. Entre-temps défilent d’autres personnages, dont Gaëlle qui a perdu une fille quelques années plus tôt. « Danticat nous montre une ville minée par la violence, la corruption, ...