Quand la censure devient une seconde nature
Publié le 24 avril 2017. Par Amandine Meunier.
Le magazine pour lequel le journaliste australien JFK Miller a travaillé pendant six ans en Chine ne se voulait pas particulièrement poil à gratter. That’s Shangai, publié en anglais à destination des expatriés, mélange critiques culturelles et sujets de société. Et pourtant, Miller ressort de cette expérience miné par les effets de la censure. Dans Trickle-Down Censorship, il explique à quel point les autorités chinoises sont sourcilleuses. On devine le téton du mannequin sur la photo : article refusé ; une photo d’Oussama Ben Laden en Une : article refusé (il n’est pas prouvé que ce personnage existe, selon l’administration) ; un article sur les travailleurs migrants : refusé (les pauvres donnent une mauvaise image de la ville). Le regard des autorités est si pesant que l’autocensure devient presque une seconde nature et dans tous les cas une préoccupation constante. Ce que Miller considérait comme une courtoisie envers ses hôtes chinois lors de sa prise de fonction s’est transformé, confie-t-il, en peur et en auto-détestation.