Faut-il désespérer de l’aide au tiers-monde ?

Dans un livre récemment traduit en français, l’économiste William Easterly, qui a longtemps œuvré à la Banque mondiale, dresse un réquisitoire contre les politiques d’aide au développement. En cause, la mégalomanie des « planificateurs » qui, depuis Paris, Londres ou Washington, prétendent posséder la pierre philosophale du développement. Résultat, de grands projets qui, selon lui n’enrichissent guère que les puissants et des thérapies de choc d’inspiration néolibérale faisant fi des besoins réels et du fonctionnement des sociétés Face à ces dangereux missionnaires, il plaide pour la démarche modeste des « chercheurs », qui appliquent des solutions pragmatiques au coup par coup, en s’appuyant sur une connaissance fine du terrain. Il fait l’éloge de solutions locales telles que le microcrédit. L’économiste Amartya Sen reconnaît la salubrité de la critique, mais regrette les simplifications abusives de l’auteur.

« Sois ton propre palais ou le monde sera ta prison », écrivit [le poète britannique] John Donne. William Easterly n’invoque pas cette ode à l’autosuffisance dans Le Fardeau de l’homme blanc,mais ce livre passionnant – et passionné – traite bel et bien de la manière dont l’aide internationale a pris au piège les pauvres de la planète, incarcérés par ceux qu’il appelle les « planificateurs ». Il est vrai que ces êtres touchés par une misère noire, l’analphabétisme massif et les épidémies n’ont sans doute pas de « palais » où se retirer. Mais Easterly– un ancien économiste de la Banque mondiale qui enseigne aujourd’hui à la New York University – ne l’affirme pas moins : en matière de lutte contre la pauvreté, « le bon plan est de n’avoir pas de plan ». Face à ces « planificateurs », dont les bonnes intentions n’ont d’égale, selon Easterly, que leur capacité de nuisance, les véritables héros du livre sont les « chercheurs ». Le clivage entre planificateurs et chercheurs ne saurait être plus aiguisé : « En matière d’aide extérieure, les Planificateurs affichent de bonnes intentions mais ...
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Le fardeau de l’homme blanc de William Easterly, Markus Haller, 2009

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