Faut-il souhaiter le pire ?
Publié le 12 avril 2017. Par Olivier Postel-Vinay.
Pour lutter contre les inégalités il faut déposséder les riches. Et pour déposséder les riches, rien de tel qu’une bonne petite catastrophe : une guerre, une pandémie, une révolution… En réalité, soutient Walter Scheidel dans un livre qui fait grand bruit The Great Leveler, seule une catastrophe ou un conflit violent est en mesure de réduire sensiblement les inégalités. En atteste l’histoire de l’humanité, depuis des débuts de l’Holocène, voici 11 700 ans. Le welfare state lui-même n’aurait pu voir le jour sans la guerre mondiale et la peur du communisme. Voter pour le parti qui vous paraît le plus susceptible de lutter contre les inégalités ne sert donc à rien : en temps normal, les riches sont trop forts. Pas grand chose à voir d’ailleurs avec le capitalisme : les inégalités entre les hommes se sont installées bien avant, à la faveur de la révolution néolithique. Autrichien enseignant à Stanford, Scheidel a réalisé une œuvre « magistrale d’histoire sociopolitique », écrit Aaron Reeves dans Nature.
A lire aussi: Faut-il se moquer des inégalités ?, Books, mars 2016.