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Les femmes oubliées de la conquête de l’espace

Ce vendredi 13 janvier, les astronautes de la mission Proxima réalisent leur deuxième sortie dans l’espace. Elle a été rendue possible par des dizaines d’années de recherches scientifiques menées notamment par des femmes. Avant les ordinateurs, l’astronomie et l’aéronautique requéraient de nombreuses petites mains pour effectuer tous leurs calculs. Certains organismes y employèrent des femmes, main-d’œuvre docile et sous payée. Deux livres racontent l’histoire de certaines de ces scientifiques de l’ombre aux découvertes parfois décisives. C’est ainsi une femme noire, Katherine Johnson, qui a déterminé les trajectoires des missions Mercury et Apollo, rappelle Margot Lee Shetterly dans Hidden Figures. Johnson faisait partie de ces mathématiciennes, parmi lesquelles de nombreuses afro-américaines, embauchées par la NASA à partir des années 1940 pour faciliter le travail des ingénieurs en faisant leurs relevés et leurs calculs. Bravant les discriminations sexuelle et raciale, certaines ont réussi à dépasser leur assignation d’ordinateur humain pour participer à des missions de premier plan.

Avant elles, une équipe de femmes s’est employée pendant plus de cinquante ans à dessiner la carte du ciel. Au tournant du XXe siècle, les directeurs de l’observatoire de Harvard ont en effet choisi de s’entourer d’une main d’œuvre en grande partie féminine, raconte Dava Sobel dans The Glass Universe. Edward Pickering a ainsi embauché Williamina Fleming, une institutrice enceinte abandonnée par son mari, comme bonne. Par la suite, il lui propose de travailler à l’observatoire. Fleming a ainsi passé plusieurs décennies à décrypter des photos du ciel, répertoriant plus de 10 000 étoiles grâce à un système de sa création, découvrant dix nouvelles étoiles ainsi que 300 étoiles variables. Elle a fini par superviser une équipe d’une douzaine de femmes. Et en 1899, à l’âge de 42 ans, avec l’appui de Pickering, elle sera la première femme à obtenir un titre officiel de Harvard, celui de conservatrice des photographies astronomiques. Un demi-siècle plus tard, une de ses successeures, Cecilia Payne, deviendra la première femme à être promue professeur à Harvard. Malgré cela, Fleming, Payne et leurs consœurs ont toujours été moins bien payées que leurs collègues masculins.

LE LIVRE
LE LIVRE

The Glass Universe de Dava Sobel, Viking, 2016

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