Fils de l’eau

L’instant d’après, le père et le fils enlacés tombaient à l’eau dans un grand bruit d’éclaboussure. Leur chute résonna d’autant plus fort que la nuit était enveloppée d’un lourd silence.

Le village d’Inaechon s’éparpillait autour du lac d’Inae, une étendue d’eau de deux kilomètres de circonférence et profonde de cinq mètres. Quand on regarde le lac depuis une certaine distance, on voit des brumes bleuâtres flotter à sa surface, c’est de là qu’il tire son nom (1). L’homme contemplait sa silhouette qui se reflétait dans l’eau noire et, enivré un instant par la douce humidité environnante, il se dit que sa vie allait s’arrêter là, mais que s’il confiait son fils à quelqu’un, lui au moins pourrait continuer à vivre. Puis il imagina tous les mauvais traitements et les épreuves que son enfant risquait de subir une fois seul au monde. Ce n’étaient bien sûr que des suppositions, mais la probabilité en était grande. L’homme pesa un moment les deux solutions, tentant de déterminer laquelle était la plus cruelle et la plus tragique pour son fils, et finit par conclure que le laisser en vie ne ferait que prolonger ses souffrances, car il était convaincu qu’un destin atroce l’attendait, c’était pour lui absolument évident. – Je vais t’en délivrer, ...
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Fils de l’eau de Fils de l’eau, Philippe Picquier

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