Fourchette et bonnes manières

Longtemps vilipendé par l’Église, cet instrument mit des siècles à s’imposer en Europe. Et à acquérir la forme qu’on lui connaît aujourd’hui.


Pour son mariage en 1004 avec le fils du doge de Venise, la princesse byzan­tine Maria Argyropoulina ­apporta un coffret de fourchettes en or à deux dents et s’en servit lors du repas de noces. L’Église s’en émut, car « Dieu, dans sa sagesse, a fourni à l’homme des fourchettes naturelles, ses doigts ». Deux ans plus tard, la princesse mourut de la peste et saint Pierre-Damien y vit le juste châtiment de Dieu, outré par « la vanité de cette femme ». La fourchette a mis des siècles à faire son entrée dans les manières de table de l’Europe chrétienne. L’histoire et la signification des manières de table, c’est le sujet du livre désormais classique de Margaret Visser, réédité un quart de siècle après sa parution. Fouillant dans les mœurs des sociétés les plus anciennes et les plus reculées, elle voit dans les rituels du repas « un système de tabous conçu pour rendre toute violence impossible ». Même les cannibales respectent des règles. Les manières de table sont « la façon qu’a chaque culture d’organiser le partage des aliments ». ...
LE LIVRE
LE LIVRE

The Rituals of Dinner de Margaret Visser, Penguin Books, 2017

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