Gandhi, politique et prophète

Doué d’un charisme phénoménal, fin manœuvrier, Gandhi a galvanisé les foules et ébranlé la puissance britannique. Mais il a toujours fait passer le religieux avant le politique. Réfractaire à la révolution sociale, cet homme attaché au système des castes n’était pas, quoi qu’en dise la légende, favorable à l’indépendance de l’Inde. Et son combat pour la non-violence ne l’a pas empêché de prôner l’engagement militaire au service de l’empire.


© Hulton-Deutsch Collection/Corbis

Deuxième conférence de la Table ronde, à Londres, en septembre 1931. Gandhi est alors contrarié par la revendication des musulmans et des sikhs, qui réclamaient des électorats séparés.

À son arrivée à Bombay en 1915, après vingt et un ans en Afrique du Sud, Gandhi n’avait aucune expérience de la vie politique du sous-continent. Mais dès la fin de la guerre, son soutien actif aux luttes locales menées par les ouvriers de l’indigo dans le Bihar, les paysans et les ouvriers du textile dans le Gujerat, apportant à chaque fois les tactiques conçues en Afrique du Sud, l’avait fait connaître à travers le pays. Encore deux ans et il avait transformé la politique indienne, en menant le premier mouvement de masse contre la puissance britannique depuis la révolte des cipayes (1) et en refaisant de l’Indian National Congress [appelé aussi parti du Congrès ou le Congrès] une force politique populaire. Après ce soulèvement de 1919-1921, il lancera deux autres campagnes de désobéissance civile, en 1930-1931 et 1942-1943, chacune plus ample que la précédente. Autant de défis à l’autorité du Raj (le gouvernement britannique en Inde) et de jalons historiques dans la lutte pour l’indépendance. En orchestrant ces grands mouvements, Gandhi montra qu’il possédait des qualités rarement ...
LE LIVRE
LE LIVRE

Gandhi. Une vie politique et spirituelle de Kathryn Tidrick, I. B. Tauris, 2006

SUR LE MÊME THÈME

Dossier L’ère du traumatisme
Dossier La nouvelle guerre froide
Dossier La nouvelle Inquisition

Aussi dans
ce numéro de Books