Le grand retour de la religion en Chine

Les cultes traditionnels ont de nouveau le vent en poupe, et le protestantisme connaît une croissance exponentielle à travers une myriade d’églises informelles. À quelques exceptions près, les autorités laissent faire.


© Kevin Frayer / Getty

Cérémonie du baptême dans une des nombreuses églises protestantes « clandestines » de Pékin. D’après des enquêtes d’opinion, le protestantisme compterait 50 à 60 millions de fidèles en Chine.

S’il n’y avait qu’un seul Chinois au monde, ce serait peut-être ce sage solitaire contemplant la vie et la nature dans les montagnes brumeuses que l’on voit sur les estampes anciennes. S’il y avait deux Chinois, un homme et une femme, voici qu’apparaîtrait le système familial. Et s’il y avait trois Chinois, ils formeraient une bureaucratie soudée et hiérarchisée. Mais combien de Chinois faut-il pour créer une religion ? Un seul peut suffire – le sage taoïste dans ses montagnes –, mais en réalité il faut un village, comme l’explique Ian Johnson dans son excellent livre The Souls of China. La religion chinoise traditionnelle, écrit-il, n’a pas grand-chose à voir avec l’adhésion à une foi particulière. Depuis ses origines, elle est « davantage une composante de l’appartenance d’un individu à une communauté. Chaque village avait ses temples et ses dieux, et ils étaient honorés lors de certains jours sacrés. » Une religion pouvait aussi émerger au travail : « Presque toutes les professions vénéraient un dieu. […] La liste en est infinie […]. » La ...
LE LIVRE
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The Souls of China: The Return of Religion After Mao de Ian Johnson, Pantheon, 2017

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