Haïssable littérature

Nicolas Sarkozy, pourfendeur de La Princesse de Clèves, a un ancêtre méconnu : Xénophane de Colophon. Depuis deux millénaires et demi, les philippiques contre la littérature se répètent ad nauseam.

Nicolas Sarkozy ne savait pas qu’en s’en prenant à La Princesse de Clèves il marchait dans les pas de Xénophane de Colophon, le premier personnage à avoir, de mémoire d’historien, tiré sur la littérature. Mort quelques années avant la naissance de Socrate, Xénophane n’était pas un homme politique mais lui-même un littérateur. « Homère et Hésiode, écrit-il, attribuèrent aux dieux tout ce qui chez les hommes vaut honte et reproche : le vol, l’adultère et la tromperie réciproque ». C’était donc un siècle avant les diatribes de Platon contre les poètes, accusés de ne pas proférer leurs mensonges au service de l’État. Il est heureusement un Français pour nous rappeler ou nous informer de tout cela, et ce n’est pas un hasard. William Marx, professeur de littérature comparée à Nanterre, évoque en effet le rôle considérable que la littérature a joué dans l’espace public français. Témoin le philologue allemand Ernst Robert Curtius, qui en 1930 écrivait : « La littérature joue un rôle capital dans la conscience que la France prend ...
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La haine de la littérature de William Marx, Éditions de Minuit, 2015

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