« Il fallait bien vivre »

Cette phrase de Simone de Beauvoir traduit une réalité profonde. Sur le front des arts et des lettres, une morale de l’ambiguïté régnait en maître, comme en témoignent les soirées mondaines avec les officiels nazis. Il faut néanmoins se garder des jugements hâtifs, car l’ambivalence pouvait dissimuler une réalité des plus complexes.

La manière dont les artistes et intellectuels français ont survécu durant l’occupation nazie n’est pas un sujet neuf. Au lendemain de ces quatre années, bon nombre de témoins ont publié leurs souvenirs, expliquant leur conduite moins que parfaite dans ces circonstances extrêmement difficiles et, pour la plupart, niant avoir « collaboré ». Comme Simone de Beauvoir l’a résumé dans ses propres Mémoires, « il fallait bien vivre ». Par quoi elle voulait dire s’adapter à une nouvelle réalité quotidienne. Le pays n’était plus souverain. Paris était occupé par les nazis et la France, ou ce qu’il en restait, n’était plus une démocratie, le maréchal Pétain ayant tiré avantage du désarroi pour imposer un régime quasi fasciste dans la zone dite « libre », avec Vichy pour capitale.

Durant la présidence de François Mitterrand, dans les années 1980 et le début des années 1990, des textes consacrés à la vie culturelle sous Vichy ont commencé de paraître en français, écrits par des historiens habitués à éviter les anachronismes et à juger les situations et les personnalités en se fondant ...

LE LIVRE
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La paix honteuse. Comment les artistes et intellectuels français ont survécu sous l’occupation nazie de « Il fallait bien vivre », Yale University Press

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