Dans son dernier essai, « Le feu et le récit », le philosophe italien Giorgio Agamben s’attaque à la littérature contemporaine. Il en dresse un constat aussi sévère que « salutaire et libératoire », selon Emanuele Trevi, de
La Lettura : otage de la logique du marché, « la littérature souffre aujourd’hui de la perte symbolique du feu sacré », celui du mystère de la création. Pour Agamben, « les classements des meilleures ventes de livres sont infâmes », symboles de la « dégradation universelle de la création, qui a transformé l’art, la littérature, la religion et la philosophie en spectacles culturels vidés de leur efficacité historique ». Le penseur, en référence au « je ne sais pas nager » de Kafka, où l’écrivain soulignait que le souvenir de l’apprentissage entrave l’expression du talent spontané, affirme : « Un grand nageur nage aussi grâce à son incapacité de nager. »
Or « les ateliers d’écriture enseignant le
storytelling étouffent les besoins de l’individu, au nom de “l’efficacité” commerciale du récit ». Ils produisent, selon
La Stampa, des écrivains qui privilégient toujours plus « l’aspect impersonnel de la ...