Jane Austen plus forte que Yanis Varoufakis
Publié le 6 juillet 2015. Par La rédaction de Books.
Quelles seront les prochaines décisions d’Alexis Tsipras et d’Angela Merkel ? Que comprend chacun de la tactique de l’autre ? Ces situations de conflits stratégiques forment le champ d’étude de la théorie des jeux. Son but : modéliser en termes mathématiques les décisions optimales pour les acteurs en fonction de leurs objectifs, dans le cadre d’une rivalité. Selon Michael Chwe, un politologue américain spécialiste du sujet, Jane Austen aurait été l’une des premières à s’y intéresser, bien avant que le mathématicien John von Neumann ne fonde cette discipline en 1944.
La difficulté du choix est un thème si central dans les livres de la romancière anglaise qu’elle aurait, d’après Chwe, posé les bases d’une théorie des décisions stratégiques. Pourquoi, dans Orgueil et Préjugés, Elizabeth Bennet refuse-t-elle la première demande en mariage de M. Darcy, mais accepte-t-elle la suivante ? La réflexion stratégique, concept au cœur de la théorie de jeux, l’explique. Elizabeth fait un calcul en fonction de son objectif et de ce qu’elle pense comprendre des positions rationnelles de sa mère, de M. Darcy ou de Wickham.
Lire Jane Austen est un bon moyen de s’exercer à la théorie des jeux, selon Chwe. Le politologue nous soupçonne même de lire des romans précisément pour nous entraîner à imaginer la façon dont les autres construisent leurs réflexions et prennent leurs décisions. Yanis Varoufakis, spécialiste de la théorie des jeux, sait quel livre emporter cet été pour ses vacances forcées.