Japon année zéro

En 1945, dans un archipel en proie à une misère crasse, l’occupant américain affiche une morgue confondante. Le général MacArthur et son entourage entendent remodeler le pays de fond en comble. Il s’agit d’éduquer une population perçue comme « peu éloignée du sauvage ». Étonnamment, les Japonais accueillent tout cela avec gratitude.

Le 15 décembre 1945, le Saturday Evening Post publia un article sur l’occupation du Japon, sous un titre extraordinaire – extraordinaire aujourd’hui, pas à l’époque. On y lisait : « Le G.I. civilise le Jap. » Écrit par William L. Worden. Daté de Tokyo, « By Bomber Mail ». Au-dessus de la date, on trouve un résumé de l’article de Worden : « Tandis que les Nippons attendent qu’on leur dise quoi penser, et que leurs compatriotes fuyants se défilent, l’exemple vivant du soldat américain se révèle efficace. » Plus loin dans l’article, l’auteur informe le lecteur que « le Japonais moyen est une personne simple peu éloignée du sauvage – comme la guerre l’a prouvé ». Mais il reste un espoir, car « l’homme qui, à l’heure actuelle, semble le plus efficace pour démocratiser et civiliser les Japonais est le G.I., tout comme il était si efficace pour le pacifier. » Cette image du « Jap » comme sauvage était répandue pendant la guerre. Après que les bombes A eurent tué environ deux cent mille personnes à Hiroshima et à Nagasaki, le président Truman écrivit à un ami que « lorsqu’on a affaire à une bête, ...
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1945, année zéro de Ian Buruma, Bartillat, 2015

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