Knock précurseur de la médecine moderne
Publié le 20 octobre 2017. Par La rédaction de Books.
Knock est de retour sur les écrans cette semaine. Mais depuis sa naissance sous la plume de Jules Romains en 1923, le célèbre docteur ne nous avait jamais vraiment quitté. Il est l’incarnation même de la médecine moderne. Sa célèbre réplique « Les gens bien portants sont des malades qui s’ignorent ! » est le mantra de l’industrie pharmaceutique, assure le philosophe Mikkel Borch-Jacobsen dans La Vérité sur les médicaments.
Aujourd’hui, le patient est souvent médicalisé même s’il n’est pas malade. Les médecins multiplient les «bilans» capables d’identifier des anomalies de plus en plus minimes au fur et à mesure des progrès techniques. Le normal d’hier devient le dangereux d’aujourd’hui. Les médecins Nicolas Postel-Vinay et Pierre Corvol observent ce phénomène sur l’appréhension de la pression artérielle dans Le retour du Dr Knock. De nos jours, l’hypertension-maladie n’existe quasiment plus, ne reste que l’hypertension-risque cardiovasculaire. Or on ne guérit pas d’un risque. Mais on peut le gérer, et préférablement pour l’industrie pharmaceutique à coup de médicaments.
« Depuis une trentaine d’années, les laboratoires concentrent tous leurs efforts sur des affections qui ne mettent pas directement en danger la vie du consommateur tout en durant longtemps, voire toute la vie », écrit Borch-Jacobsen. Hormis les traitements anticancéreux, les cinq classes de médicaments qui ont assuré le plus de chiffre d’affaires mondial en 2008 relèvent de l’entretien et non de la cure. Il s’agit des psychotropes, des statines contre le cholestérol, des traitements contre l’asthme, des antidiabétiques, et des antiulcéreux contre le reflux gastrique. Les médicaments ne servent plus à restaurer la santé, mais à éviter de la perdre. Et à ce jeu là, chacun est potentiellement un malade, un patient et donc un client.
A lire dans Books : « On lance de nouvelles maladies comme on lance une marque de jeans », avril 2009.