La compassion va de pair avec la démocratie
Publié le 12 octobre 2015. Par La rédaction de Books.
Pity , William Blake
Le procès en appel du médecin Nicolas Bonnemaison, accusé d’avoir mis fin à la vie de sept patients par « hyper-compassion » (selon les mots de l’accusation), s’est ouvert ce lundi. A l’échelle de la cité, la compassion n’est pas nocive, selon la philosophe Myriam Revault d’Allonnes. Dans L’Homme compassionnel, elle souligne que la sensibilité n’est pas le contraire de la rationalité. Être touché par l’émotion est nécessaire à la prise d’une décision responsable. Elle permet de ne pas sombrer dans l’indifférence et de garder le sens du bien commun.
Le mot compassion (en latin « souffrir avec ») partage sa définition avec celui de « sympathie », qui en grec signifie littéralement la participation à la souffrance. Cette dernière a fini par prendre un sens plus large, tandis que la compassion a désormais un sens plus proche de la pitié, même si des différences subsistent. La pitié « est liée à une forme de condescendance qui humilie l’objet », analyse Myriam Revault d’Allonnes. La compassion, en revanche, est une co-souffrance, une contagion. Elle est, pour la philosophe, indispensable face à l’individualisme et un « ressort » politique au sens de Montesquieu. Comme l’honneur est le ressort de la monarchie ou la peur celui de la tyrannie, la compassion est au fondement de la démocratie.