La cruauté expliquée
Publié dans le magazine Books n° 23, juin 2011.
Richard Holloway, ancien évêque d’Édimbourg, juge « important » le nouveau livre du biologiste de Cambridge Simon Baron-Cohen, pour qui la faculté de faire le mal est enracinée dans le cerveau.
Richard Holloway, ancien évêque d’Édimbourg, juge « important » le nouveau livre du biologiste de Cambridge Simon Baron-Cohen, pour qui la faculté de faire le mal est enracinée dans le cerveau. Spécialiste de l’autisme, Baron-Cohen voit chacun de nous se situer quelque part sur la « courbe en cloche » de l’empathie. Dans la partie haute de la courbe vient s’agglutiner le commun des mortels, doté d’une faculté moyenne d’empathie et de cruauté.
Seules les circonstances peuvent amener les individus à « fermer leurs circuits de l’empathie » et les faire basculer dans le mal, écrit Holloway dans la Literary Review. La base droite de la courbe désigne le petit nombre de ceux qui sont tout empathie et ignorent la cruauté. La base gauche de la courbe regroupe les psychopathes et autres tortionnaires, que leur cerveau a dotés d’un degré zéro d’empathie. Mais c’est là aussi que l’on trouve certains génies des mathématiques, qui ne feraient pas de mal à une mouche. En cause, les gènes et des accidents du développement embryonnaire, fœtal et infantile. L’ancien évêque observe qu’Augustin et Thomas d’Aquin avaient déjà décrit la cruauté comme l’indice d’un déficit de la psyché.