La fin du livre fini

La lecture, on le sait bien, est menacée. Et l’on tient le suspect : l’écran vidéo. On connaît même ses armes : il serait « plus aimable », dixit le linguiste italien Raffaele Simone (1), c’est-à-dire plus convivial, fluide, multisensoriel. L’écran permet le grand retour épistémologique du visuel (« le premier parmi les sens de la connaissance » selon saint Augustin) et donc des images, pourtant si souvent tenues pour suspectes ou réservées aux idiots, comme le vitrail d’église, « bible des imbéciles ». Et, bien sûr, cette remontée du visuel entraîne un fourmillement de conséquences dans tous les ordres – du moral (il serait ainsi plus tentant de mentir sur écran que sur papier ou de visu) au neurobiologique, en passant par le domaine physique (explosion des maladies oculaires). Et dans le domaine intellectuel ? Il est trop tôt pour tirer des conclusions, mais on peut bien explorer quelques pistes. Comme celle-ci, concernant le livre, lequel fut pendant des siècles notre unique moyen de diffusion du savoir. Ce qui s’annonce, c’est le découplage entre l’objet livre et le texte, entre le contenant et le ...

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