La trahison des universitaires

Deux auteurs en vue croisent le fer pour dénoncer, chacun à sa manière, la frilosité de la pensée contemporaine.
Pour Richard Precht, la pensée n’est pas affaire de génération, mais de liberté. Enfermé dans un savoir pontifiant, élitiste et imperméable aux enjeux contemporains, l’enseignement supérieur produit une recherche stérile. Seuls quelques outsiders ont réussi à s’en affranchir.

Les auteurs sont comme le vin. Plus ils vieillissent, meilleurs ils deviennent. Voilà ce que semble suggérer la lecture du coup de gueule de Thea Dorn sur le désarroi de la nation. Ici, des hommes vieux de bonne constitution et ayant du caractère ; là, des hommes jeunes n’ayant rien à dire. Et les femmes ? Aucune, sinon Elfriede Jelinek. C’est avec étonnement qu’on se demande ce qui peut bien pousser Mme Dorn à réveiller ce vieux cliché dans sa tribune. C’est le sourire aux lèvres qu’on lit son apologie, digne d’une écolière, de MM. Walser, Fest et Enzensberger. C’est avec un certain effroi qu’on admire ses élégantes courbettes devant cette équipe vieillissante de moralistes douteux. Est-il bien vrai que les grands penseurs allemands contemporains appartiennent presque tous à cette génération ? Est-ce leur rayonnement qui éclaire notre époque intellectuellement sombre ? N’est-ce pas plutôt l’éclairage que la télévision, les rubriques littéraires et les usines de la culture continuent de jeter sur eux qui relègue les autres dans l’ombre ? Avoir émergé des rangs d’une génération décimée n’...

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