La vie risquée du bibliophile

Il est un peu tôt pour faire l’éloge funèbre du livre-objet, car celui-ci résiste encore face à son succédané numérique, l’e-book. Mais il n’est peut-être pas trop tôt pour rappeler, au cas où, tout ce que l’on peut faire avec un livre en ­papier, et – pour l’instant – avec lui seulement. À commencer par l’aimer – pas platoniquement pour sa seule âme (le texte), mais physiquement. Le bibliophile, c’est l’amoureux du contenant et du contenu à la fois, qui ne s’arrête ni à l’enveloppe charnelle du livre (l’édition), comme le bibliomane, ni au texte désincarné, mais ­savoure la conjonction des deux. Le petit Jean-Paul Sartre voit les livres se fendre devant lui « comme des huîtres » pour révéler « la nudité de leurs organes intérieurs, des feuilles blêmes et moisies, légèrement boursouflées… » (1). Pas très sensuel mais précoce. L’écrivain américain Oliver Wendell Homes, lui, évoque tout de go « son harem littéraire ». Aimer le livre est un prérequis pour écrire, et l’auteur se double souvent d’un bibliophile. Voyez Montaigne et sa tour aux 600 livres (...

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