L’Afrique, entre fascination et clichés
Jeffrey Gettleman est un pur produit de la méritocratie à l’américaine. Bonne famille, bonne éducation et carrière fulgurante au New York Times où il commence par faire ses classes comme correspondant local avant d’en gravir les échelons jusqu’à diriger le bureau pour l’Afrique de l’Est du journal, à Nairobi. Ses reportages sur le continent noir lui valent le prestigieux prix Pulitzer. De retour à New York, il publie un livre étonnant mêlant deux histoires d’amour, celle pour son épouse et celle qui l’unit désormais à l’immensité africaine. « L’Afrique. Ce déferlement de nations, de langues, de paysages et d’histoires a toujours eu un impact singulier sur les étrangers, mais Gettleman semble particulièrement atteint », écrit avec une pointe d’humour l’écrivaine britannique d’origine somalienne Nadifa Mohamed dans le New York Times. La lecture de la prose de Gettleman la laisse pourtant quelque peu perplexe. Tout en rendant hommage à son intégrité (et audace) journalistique, elle ne peut s’empêcher de penser aux livres des aventuriers célèbres de l’époque coloniale, tels Sir Richard Burton, qui s’adressent à des lecteurs qui « voyaient surtout dans l’Afrique une toile de fond pour leur rêves et leurs cauchemars ».
A lire aussi : Mo Ibrahim, l’homme qui veut changer l’Afrique, Books, mai 2012