L’archéologie, une science politique
Publié dans le magazine Books n° 7, juillet-août 2009.
Qu’est-ce qui a poussé les archéologues de la fin du XIXe et du début
du XXe à fouiller aux quatre coins du monde, dans des conditions
parfois dangereuses, ruines et tombeaux ? La curiosité scientifique, la
joie de la découverte ne furent pas seules en jeu, beaucoup s’en faut,
comme l’explique Charlotte Trümpler, directrice du département
archéologique du musée de la Ruhr à Essen. Début 1914, Thomas Edward
Lawrence, alias Lawrence d’Arabie, lâcha le morceau : « De toute
évidence, nous sommes là uniquement pour donner une touche
archéologique à une stratégie politique. » Il participait à une
expédition scientifique en Palestine, qui permit aussi au gouvernement
britannique de cartographier le désert du Neguev dans une optique
militaire. Dans le Frankfurter Rundschau, Rüdiger Heimlich raconte
comment Trümpler et les autres auteurs de l’ouvrage collectif consacré
à la question déploient les cartes d’un « grand jeu » où archéologie se
conjugue le plus souvent avec politique. Cette « archéologie
impérialiste » mobilisa toutes les grandes puissances. La France en
tête, qui assurait son influence en Perse pendant que la Prusse, qui
souffrait d’un ...
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