L’autre exploitation du Tibet
Publié le 29 août 2016. Par La rédaction de Books.
Le parti communiste chinois a désigné, dimanche, son nouveau représentant au Tibet, un ancien chef de la propagande dans la région. Politiquement, cette nomination ne change rien pour les Tibétains. Ecologiquement, elle n’aura pas plus d’impact. L’écocide dont parle le journaliste canadien Michael Buckley dans Meltdown Tibet se poursuit. L’entreprise de prédation chinoise a commencé par les forêts. La première chose que Buckley a vue à son arrivée au Tibet il y a trente ans ? Les longues files de camions remplis de troncs d’arbres. Selon lui, la moitié des espaces boisés de l’est et du sud de la région ont disparu. Cette déforestation massive a eu d’importantes répercussions sur la faune locale et multiplié les risques de coulées de boue, glissements de terrain et inondations sur des milliers de kilomètres.
Mais c’est la gestion des eaux de la région par Pékin qui inquiète le plus le journaliste. Le Tibet, surnommé « troisième pôle » et même « château d’eau numéro 1 » par l’administration chinoise, abrite la troisième réserve d’eau douce du monde : les contreforts de l’Himalaya contrôlés par la Chine alimentent une grande partie de l’Asie. Or pour exploiter les ressources, notamment minières, du Tibet, Pékin ne se soucie ni des ravages faits par la pollution, ni des conséquences des barrages et réservoirs géants construits à la chaîne. Et l’environnement (via les déplacements de population, le bouleversement des écosystèmes, la réduction de la biodiversité…) n’est pas l’unique victime de la situation. La Chine s’est de fait arrogé le pouvoir de fermer à tout moment les robinets alimentant 750 millions de personnes, de l’Inde au Cambodge en passant par le Laos ou le Bangladesh. Buckley envisage sérieusement une guerre de l’eau en Asie.