Un si doux poison

Dante raconte qu’en arrivant au deuxième cercle des enfers, celui de la luxure, il tombe sur un couple éploré : Francesca de Rimini et Paolo, son amant et beau-frère. Le poète éclate en sanglots et cherche à comprendre leur présence en ces lieux. C’est la faute d’un livre – un roman de chevalerie, que tous deux lisaient innocemment, épaule contre épaule, puis cœur contre cœur, puis lèvres contre lèvres, puis… Puis fureur meurtrière du mari offensé – lequel se retrouvera, suite à son crime, aux enfers lui aussi, et même quelques niveaux plus bas ! Comment mieux illustrer les dangereux pouvoirs du livre et de la lecture ? D’ailleurs, n’est-ce pas l’abus de lecture qui avait ébranlé la fragile raison de Don Quichotte ? Robert Burton, grand spécialiste anglais de la mélancolie, aimait à citer cette comptine pour justifier sa propre défiance envers les livres : « Chagrin, lassitude, angoisse, pâle maladie / Douleurs, pauvreté abjecte, faim hurlante / Monstres terribles surgis devant nos yeux (1)… » A contrario, l’Américaine Rachel Kelly raconte longuement comment la lecture l’a sauvée de la dépression (2). Elle offre elle aussi une citation ...

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BOOKS n°123

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