Publié dans le magazine Books n° 58, octobre 2014. Par Christina Hucklenbroich.
Une jeune étudiante en médecine se fait connaître outre-Rhin avec un ouvrage consacré à l’un de nos organes les plus mal-aimés. C’est pourtant une véritable petite merveille de la nature.
Une conversation avec Giulia Enders sur son ouvrage
Darm mit Charme (« Les charmes de l’intestin ») ne saurait commencer sans quelque justification : « Quand on s’intéresse à l’intestin, on fait le grand saut – on passe de “beurk” à “waouh” », concède cette étudiante en médecine de 24 ans dans un café du quartier de Bockenheim, à Francfort, où elle vit. Pourtant, c’est bien l’intestin qu’elle a choisi d’étudier et non le cœur, les poumons ou les reins – autant d’organes sur lesquels on est encore loin d’avoir tout dit et qui bénéficient d’une image nettement plus « propre » que celle du tube, long de plusieurs mètres, qui nous sert à digérer et débouche sur l’innommable anus.
« Il est plus facile de surmonter les tabous quand on a davantage de connaissances à sa disposition », affirme-t-elle. Si l’on trouve l’intestin répugnant, c’est parce qu’il évoque surtout les toilettes et les agents pathogènes. Aussi s’est-elle concentrée, dans son livre, sur le rôle positif de la flore intestinale, sans laquelle la nourriture que nous avalons ne servirait à rien. À en croire Enders, le rapport honteux ...