Figure de la résistance à la pénétration européenne en Afrique au XVIe siècle, Ginga, la « reine terrible », qui régna sur le Ndongo et le Matamba (dans l’actuel Angola), résista près de trente ans aux Portugais. Célèbre pour son harem d’hommes, celle que les textes décrivent comme une impitoyable guerrière et une habile diplomate continue de fasciner le public ; en Angola, où un film aux relents nationalistes lui a récemment été consacré, comme au Portugal, où Eduardo Agualusa vient de publier un roman tiré de sa vie. Mêlant vérité historique et fiction, Agualusa s’applique à « détruire nombre des stéréotypes qui imprègnent la vision européenne de l’histoire », rapporte l’hebdomadaire
Visão. Ainsi raconte-t-il « comment des esclaves pouvaient posséder eux-mêmes leurs propres esclaves, comment le capitaine noir Musungo (personnage réel) a pu combattre du côté portugais, ou bien encore comment un Portugais d’Évora (personnage fictif) a pu se faire soldat de Ginga ». Couleur, nationalité, statut : Agualusa brouille les cartes, et démontre que « les Africains n’ont pas été que des acteurs passifs ...