Le paradis sur terre
Publié le 10 novembre 2017. Par La rédaction de Books.
Jan Bruegel, Le Paradis
Les grosses fortunes fâchées avec les impôts ne sont pas les seules à penser que le paradis peut se trouver sur Terre.
Dans son Histoire du paradis, l’historien Jean Delumeau rappelle que pour nombre de nos ancêtres le Jardin d’Eden était bien un espace physique. Au Moyen-âge, il apparaît même sur les mappemondes, dans les marges, tout autour ou en haut.
Les avancées intellectuelles de la Renaissance amènent, au nom de l’exigence de la science, à des mises au point. Certaines localisations estimées fantaisistes sont abandonnées. Mais les vues médiévales persistent. « Il est frappant de constater qu’au XVe siècle le récit de la Genèse investit encore fortement les représentations géographiques malgré la multiplication des voyages lointains, l’intensification des relations maritimes et une volonté croissante de précision dans la confection des cartes », écrit Delumeau.
Les navigateurs européens partaient encore avec, en plus de leur mission officielle, le projet secret de retrouver ce « lieu ». La découverte d’îles magnifiques dans l’Atlantique, comme Madère ou les Canaries, cristallisèrent ces rêves de Jardin d’Eden avant d’apparaître pour les marins espagnols ou portugais comme une simple porte d’entrée vers celui-ci. Une foule d’auteurs s’efforce ainsi de trouver au paradis un emplacement terrestre acceptable. Dans les textes de l’époque, l’Inde est souvent désignée comme la terre promise. Ainsi dans Li Livres dou Tresor écrit en 1265 par le Toscan Brunetto Latini est mentionné clairement « En Inde est le Paradis terrestre ». Au XVIe siècle, Jean de Hesse raconte pour sa part qu’il a vu de loin le Jardin d’Eden au cours d’un voyage en Extrême-Orient. Et c’est muni d’un exemplaire de l’Imago Mundi de Pierre d’Ailly que navigue Christophe Colomb. L’ecclésiastique y assure que le paradis est un lieu agréable situé quelque part en Orient…
A lire dans Books : Les paradis fiscaux ne meurent jamais, mai 2012.