Le premier archipel du goulag

Dès le début des années 1920, le régime soviétique transforme en prison le monastère des îles Solovki, près du cercle polaire. L’archipel devient bientôt le centre d’un vaste réseau de camps de travail où règnent des conditions d’une inhumanité absolue. C’est là que s’inventent, avec une précision inouïe, les futures normes d’administration du goulag.

Le 15 décembre 1939, Lavrenti Beria, chef du NKVD, la police politique stalinienne ancêtre du KGB, ordonnait par décret de procéder à « la fermeture de la prison des îles Solovki », de transférer tous les détenus, d’évacuer le personnel et de déménager l’ensemble du matériel. Les zek (abréviation russe pour « détenus », désignant les prisonniers des goulags) furent envoyés dans les camps de travail sibériens de la région minière de Norilsk, créés dans les années 1930 par Staline pour extraire le nickel. Par une fin d’automne glaciale, dans ces îles de la mer Blanche situées non loin du cercle polaire, on fit donc sortir les condamnés. Tous durent subir une fouille à corps, avant de se mettre en rang. Tous, le visage terreux, étaient vêtus d’une veste bleu foncé et d’un pantalon à bandes jaunes. Tous, ou presque, appartenaient à l’intelligentsia : médecins, anciens des brigades internationales ayant combattu le fascisme en Espagne, ingénieurs ayant fait leur stage à l’étranger, économistes de premier plan, officiers déchus, et même un microbiologiste, ...
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Aux origines du goulag de Le premier archipel du goulag, François Bourin

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