Le sens des rêves – Une science divisée

Avertissement envoyé par les dieux, vision prémonitoire, éclair d’intuition : à toutes les époques, on a vu dans le rêve un message à décrypter. Freud et ses successeurs ne disent rien d’autre, en en faisant l’instrument privilégié pour l’étude de l’inconscient. Les historiens aussi s’intéressent aux récits de rêves anciens, où se lit le reflet déformé des angoisses et aspirations collectives. Pas de quoi impressionner certains neurobiologistes, pour qui les songes ne sont qu’un sous-produit d’une activité cérébrale liée à la mémoire. Et n’ont donc rien d’intéressant à nous dire. Notre dossier vous invite au débat.


© Boris Séméniako pour Books
Un peu comme pour la théorie de l’évolution, ou la question du changement climatique, la science des rêves est inséparable de son histoire. On ne saurait comprendre ce que nous savons aujourd’hui de l’évolution des espèces sans avoir lu le chef-d’œuvre de Darwin. On ne peut interpréter la climatologie actuelle sans fouiller les circonstances de son essor. Ni saisir la complexité des débats sur les mécanismes physiologiques et les fonctions éventuelles des rêves sans s’être plongé dans l’œuvre de Freud et les travaux des neurobiologistes des années 1960 et 1970. Paradoxalement, la question des rêves, qui hante les esprits dans toutes les sociétés et depuis la haute Antiquité, est un sujet marginal dans le monde scientifique actuel. Les laboratoires de recherche sont peu nombreux et se consacrent le plus souvent davantage à l’étude des troubles du sommeil qu’à celle des rêves. En simplifiant un peu, cela peut s’expliquer par deux raisons. La première est que la science est plus que jamais dépendante des enjeux économiques, financiers, politiques et sociétaux. De ce point de vue, le rêve n’est ...

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