Le silence est d’or

En 1952, le compositeur américain John Cage conçoit une expérience dérangeante : un morceau fait de 4’33” de… silence. Ce faisant, il interrogeait notre monde saturé de sons : et si la musique, c’était d’abord de l’attention ?


Pour la plupart d’entre nous, le calme absolu n’est pas un problème. C’est le flot de la vie moderne qui nous empêche de supporter de longs silences, quand il leur arrive de croiser notre chemin. Nous rentrons chez nous pour allumer la télévision, même si personne ne la regarde, surtout si nous sommes seul. Ou nous branchons nos iPod, ne serait-ce que pour contrôler notre environnement sonore. Pourquoi le silence nous obsède-t-il, et pourquoi est-il si difficile à trouver ? Dans un monde où les sons s’empilent sur les sons – le vrombissement des moteurs, la rumeur du trafic, le bruit des appareils électroménagers, les pleurs des bébés –, le silence a un charme fou, presque mythique. En outre, nos oreilles sont d’autant plus sensibles qu’un calme parfait règne autour de nous. Le silence favorise la contemplation, voire l’illumination. Le 29 août 1952, le jeune pianiste David Tudor monta sur la scène du Maverick Concert Hall, près de Woodstock, s’assit, et ne joua rien pendant quatre minutes et trente-trois secondes. Mais « rien » n’est pas le terme adéquat, car il y avait des ...
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No silence. 4′33″ de John Cage de Kyle Gann, Allia, 2014

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