La lecture est chronophage, on le sait bien. « Proust est trop long et la vie est trop courte », se plaignait déjà Anatole France. Mais que dire de l’écriture, elle qui exige de l’écrivain qu’il plaque « le fond de son pantalon sur le fond de sa chaise » (Kingsley Amis) aussi longtemps que possible ? Soit de l’aube au crépuscule, comme Giono. Ou du crépuscule à l’aube, comme George Sand. Voire du crépuscule au crépuscule, comme Flaubert (« Pendant les huit derniers jours, j’avais dormi en tout dix heures. Je me soutenais avec de l’eau froide et du café. C’était une pioche forcenée… ») ou encore Soljenitsyne (16 heures de travail par jour, 365 jours par an pour produire les 6 000 pages de
La Roue rouge). La plupart des écrivains placent heureusement la barre moins haut, à l’instar d’Anthony Trollope : « Je pense que tous ceux qui ont vécu comme des hommes de lettres – travaillant chaque jour comme des travailleurs journaliers – seront d’accord avec moi pour dire que trois heures par jour produiront le maximum de ce que l’on doit écrire quotidiennement. »
Question productivité, on constate là encore de fortes ...