L’écrit ou la révolution du bac
Publié le 16 juin 2017. Par La rédaction de Books.
Si les lycéens se sont creusé la tête cette semaine face aux sujets de français, de philosophie et d’histoire-géographie entre autres, le ministre de l’Education planche sur le bac lui-même. Le programme du nouveau président annonçait la réduction à quatre des épreuves écrites. Les exercices « sur table » ont pourtant été l’instrument de la révolution du baccalauréat, explique l’historien André Chervel dans Histoire de l’enseignement du français.
Pendant les vingt premières années du bac, les candidats n’écrivent pas une ligne. Toutes les épreuves sont orales. Ils prennent pour la première fois la plume en 1830.
L’exercice ne vise qu’à vérifier l’orthographe des postulants en leur demandant de traduire une phrase latine. Il n’est pas éliminatoire. Mais cela n’empêche pas les jurys de déjà se plaindre du peu de cas que font les candidats des subtilités de la langue française.
La première véritable épreuve écrite apparaît en 1841. Il s’agit d’une version latine. Mais l’apprentissage du latin n’est pas vraiment l’enjeu. L’important pour le ministère de l’Instruction est de redorer l’image d’un examen miné par la corruption de ses jurys. Avec cet écrit, l’administration centrale reprend le contrôle en exigeant que les recteurs lui envoient les copies pour être relues. Le changement est drastique. L’année suivant la réforme, le nombre de lauréats diminue de 21%.
La création d’une deuxième épreuve écrite en 1853 permet d’engager la bataille entre les modernes et les classiques sur la suprématie du latin. Pour la première fois, les candidats rédigent une vraie composition en français. Mais cet exercice ne résiste pas longtemps aux assauts des partisans des humanités classiques. Le latin reste encore vingt ans durant la seule langue écrite au baccalauréat. C’est Jules Ferry qui met fin à ce monopole en 1880. Il institue une épreuve qui ne quittera plus les tables d’examen : la composition française.
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