Les adultes aussi ont une histoire

C’est un refrain connu : les jeunes d’aujourd’hui seraient particulièrement lents à prendre leur indépendance. L’histoire montre au contraire que l’accès à l’âge adulte a longtemps été plus tardif que pour les baby-boomers.

En 1836, le jeune Henry David Thoreau s’apprête à voler de ses propres ailes. Frais émoulu de Harvard, il accepte un poste d’instituteur dont il démissionnera quinze jours plus tard. S’ensuit une décennie de petits boulots (dans la fabrique de crayons de ses parents, à la ferme ou comme précepteur), à l’issue de laquelle l’écrivain de 28 ans finit par se retirer dans sa fameuse cabane au bord de l’étang de Walden. (1) Une retraite solitaire où « sa mère avait l’habitude de surgir tous les dimanches avec un panier rempli de plats faits maison », précise Kathryn Hughes dans le Guardian. Relaté dans The Prime of Life, le parcours d’Henry Thoreau rappelle étrangement celui des « Tanguy », comme on appelle de nos jours ces grands enfants qui tardent à trouver leur voie et à devenir indépendants. Pour l’auteur du livre, l’historien Steven Mintz, voilà la preuve que l’âge adulte est une « construction intellectuelle et institutionnelle ». Celui-ci ne nie pas qu’il existe des invariants – « des défis intemporels et universels » – propres à cette période de la vie : le fait d’accéder à l’indépendance financière, d’...
LE LIVRE
LE LIVRE

La fleur de l’âge : une histoire de l’âge adulte moderne  de Steven Mintz, Harvard University Press, 2015

SUR LE MÊME THÈME

Périscope Oiseaux de nuit
Périscope Pour un « au-delà du capitalisme »
Périscope Naissance d’un poème

Aussi dans
ce numéro de Books